29/01/2008

Où sont les valeurs ?

D. Bouton (président de la Société Générale, auteur voici quelques années d’un rapport sur la bonne gouvernance d’entreprise… cela ne s’invente pas), est sur un siège éjectable, après la mise au jour au sein de l’établissement qu’il dirige d’activités émanent d’un employé ayant mis en jeu des sommes colossales en dépit de tous les contrôles supposés les encadrer, sommes de l’ordre de la totalité de la collecte de l’impôt sur le revenu dans notre pays – et il ne serait pas un cas isolé… On peut aussi noter que la perte pour la Banque se traduira aussi par un manque à gagner pour l’Etat (environ 1.6 milliard d’impôt sur les sociétés).

Pendant ce temps, le moral des ménages français – ceux qui payent des agios dès que leur compte est dans le rouge - est à –34, le niveau le plus bas depuis la création de l’indice par l’Insee en 1987 : un dommage collatéral du choc de confiance ?

En marge d’une discussion concernant ce qui est devenu l’affaire Société Générale, ce matin dans Inter Activ’ (29/01/07 autour de la minute 15 sur 18) sur France Inter Jean Arthuis s’est félicité du signe de « maturité politique » pour nous tous donné par Eric Woerth, Ministre du Budget, qui accepte désormais de débattre de la TVA sociale. Certes, mais ce dernier persiste à considérer possible l’objectif de croissance 2008 de 2.25% auquel notre Ministre de l’Economie se raccroche comme à une bouée de sauvetage (réflexe d’une carrière antérieure ?) avec une pratique forcenée de la méthode Coué - elle qui jugeait la veille du krach « Société Générale » que les "banques françaises sont solides"… en tout cas aussi solides que leur maillon le plus faible si un seul employé peut réduire à néant le bénéfice d’une année. Cerise sur le gâteau, la ministre aurait été au courant dès le 20 janvier, si l’on en croit Europe1.

Il reste un peu de chemin à parcourir vers une pleine maturité politique pour nombre acteurs de la vie publique, que cela soit au sommet de l’état, ou à la tête de notre municipalité… A Nogent, le maire sortant répugne à parler de la dette : malgré les très fortes augmentations d'impôts que nous avons connues sous sa mandature, la dette elle aussi a beaucoup augmenté (celle de la ville, et celle de l'agglomération de communes). Pour donner le change, par exemple lors de la présentation du budget primitif du 17 décembre dernier, deux transparents sur les 104 étaient fallacieusement intitulés "Dette" mais ne parlaient que des intérêts de la dette ou de l'annuité de remboursement, pas du montant de la dette. Le plus inquiétant n'est pas tant la situation de la dette de la ville que la désinvolture avec laquelle elle est considérée, avec le risque de la même dérive sur le plan local que ce qui est constaté sur le plan national appuyée par des arguments du genre "Nogent n'est pas assez endetté". Comme si on pouvait n'être pas assez endetté!

La dette, que ce soit celle de l’état, celle de Nogent ou de la communauté d’agglomération de la Vallée de la Marne, c’est celle de tous les concitoyens (et de leurs enfants), ce sont eux qui en supportent la charge et qui la rembourseront, intérêts et principal : il n’est pas responsable de la leur cacher.

Je crois qu’il faut savoir regarder les choses en face, et comme il fallait avoir le courage de parler de la dette de l’état pendant la campagne présidentielle, il ne faut plus nier que la mondialisation change l’économie française, et que le déclin entamé voici un quart de siècle ne peut que s’aggraver tant que l’on gardera une politique d’autruche. Il va falloir arbitrer entre l’essentiel et l’accessoire (au plan national comme au plan local), se concentrer sur la création de valeur (pour nos concitoyens, et aussi pour le reste du monde). Nos marges de manœuvres déjà faibles se réduisent de jour en jour.

Il va falloir se préparer à un dur retour à la réalité après les municipales.

1 commentaire:

Nicolas Mauduit a dit…

D. Bouton confirmé à la tête de la Société Générale à l'unanimité par le conseil d'administration de la banque... la perte de 4.9 milliards résulterait bien d'un homme seul.

est-ce vraiment rassurant?